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Article sur l'édition scientifique

13 Août 2011, 20:52pm

Publié par Fabien Besnard

À lire sur le site d'Acrimed un article clair et synthétique de Jean Pérès sur ce qu'il faut bien appeler le scandale de l'édition scientifique.

 

Morceaux choisis :

 

"Dans l’ensemble, les prix des revues scientifiques STM [NdMathéphysique : sciences-techniques-médecine] ont augmenté entre 1986 et 2003 (17 ans) de 215% tandis que le prix des livres augmentait de 82% et l’indice des prix de 68%. Pendant les 12 années précédentes, de 1973 à 1985, l’augmentation fut de 711% pour les revues STM [...]"

 

"Or les gestionnaires de ces bibliothèques [Les bibliothèques universitaires, NdM] n’ont quasiment aucune marge de négociation avec les éditeurs car leurs usagers, les chercheurs, ne peuvent pas se passer des revues dont la lecture est indispensable à leur activité. Les éditeurs peuvent ainsi augmenter les prix sans risque de perdre des clients (c’est ce que l’on appelle une clientèle captive)."

 

"En dernière analyse, le « modèle économique » de la commercialisation des revues scientifiques repose sur un véritable pillage des fonds publics consacrés à la recherche. Les enseignants-chercheurs qui sont les producteurs de l’information scientifique, sont en général rémunérés par l’État ou une collectivité publique. Les bibliothèques qui souscrivent les abonnements aux revues scientifiques fonctionnent également, dans leur grande majorité, sur fonds publics. Ainsi les fonds publics reviennent deux fois aux éditeurs privés : une fois comme réduction de frais quand ils rémunèrent la production de recherche (salaires des chercheurs, infrastructures, laboratoires, etc.) et une deuxième fois quand ils financent la consommation (abonnements) de recherche par les bibliothèques."

 

On ne saurait mieux dire.

 

On peut lire aussi la suite de l'article, où l'auteur détaille les deux types de ripostes de la communauté scientifique contre cet oligopole : "l'open  access" et les archives en lignes. Si ces dernières sont aujourd'hui très développées, je suis moins optimiste que l'auteur sur leur capacité à inquiéter les éditeurs scientifiques : tant que l'évaluation des chercheurs reposera  essentiellement sur la quantité d'articles publiés dans des journaux "prestigieux", qui leur appartiennent pour la plupart, ils demeureront incontournables. Seul un fort développement de l'open access, ou une hypothétique modification des critères d'évaluation seraient de nature à modifier les choses.