Ces parasites de l'open access
Vous n'avez sûrement pas besoin de moi pour connaître l'info, car elle fait la une du magazine Science, mais au cas où voici de quoi il s'agit : un de leur correspondant, John Bohannon, a envoyé un article bidon, en partie généré par ordinateur, truffé d'erreurs grotesques, et dont ni l'auteur ni le labo d'origine n'existent à 304 revues en "golden open access" (ça veut dire que l'auteur doit payer pour publier).
Résultat :sur les 255 qui avaient terminé le procédé de "peer review" (qui était inexistant dans 60% des cas), 157 l'ont accepté, 98 rejeté.
Si vous voulez vous marrer, il y a même la correspondance complète que les journaux ciblés ont entretenu avec les auteurs imaginaires.
Certes l'expérience concerne le domaine de la médecine, mais je suis certain que si on la faisait avec toutes les revues au noms ronflants qui envahissent ma boîte mail en m'invitant à soumettre un article dans les domaines les plus divers, le résultat serait le même.
Le plus triste dans l'histoire c'est que certains journaux semblent faire leur travail correctement. Or il est clair que quand un système est infecté à ce niveau il n'y a plus aucune confiance possible, ce qui est le cas depuis longtemps avec le golden open access.
Si vous n'avez pas accès à l'article original de science, il est bien résumé sur le blog de Sylvestre Huet.
Autre lien intéressant dans le même ordre d'idée, le blog retractation watch, qui tient à jour une liste d'auteurs dont les papiers ont été retirés. Une sorte de thermomètre des comportements frauduleux en science. Là aussi cela concerne surtout la médecine et la biologie, les auteurs étant médecins. Mais il y a quand même une section sur les sciences physiques (où, sans surprise, c'est la chimie qui est la mieux représentée).