Les lycéens ont-ils quelque chose à faire dans la rue ?
Voilà un billet qui va me faire passer pour un affreux réactionnaire aux yeux de certains. Je pourrais me défendre en proclamant par avance telle ou telle affiliation idéologique, mais, d'une part j'ai trop d'orgueil pour cela, et d'autre part l'idée même de procéder ainsi me dégoûte : on ne doit pas se demander "ce qui est de gauche" comme d'autres se demandent "ce qui est bien chrétien", avant de penser, mais s'efforcer de penser juste, d'argumenter selon la raison. Laissons les classifications et les anathèmes à ceux qui en ont le goût.
Voilà donc ce qui me semble juste de dire à propos des manifestations lycéennes. La réforme avortée était inquiétante sur bien des points, les suppressions de postes sont inadmissibles, mais ce ne sont pas à des mineurs de porter ces revendications. Leur place est en cours. Ils ne sont pas encore des citoyens, ils sont en train de le devenir, et la perte d'heures de cours due aux mouvements lycéens, récurrents depuis plusieurs années est inquiétante. J'ajoute que la facilité avec laquelle les lycéens se mobilisent témoigne surtout d'une perte du sens de leur présence en cours, plus que d'une réelle conscience des enjeux. J'enfonce le clou : les enseignants (une minorité) qui défilent avec les lycéens ou les soutiennent sont des irresponsables. J'espère pour eux que rien de grave n'arrivera à l'un de ces jeunes. De plus, ils contreviennent à la neutralité politique qui leur incombe (rien ne les empêche de défiler, mais pas au milieu de leurs élèves !). Enfin, les syndicats lycéens ne représentent... rien. Si je ne m'abuse, seuls les lycéens majeurs ont le droit de se syndiquer (si ce n'est pas le cas c'est totalement anormal), il s'agit donc d'une toute petite minorité, au sein de laquelle seule une minorité encore plus minoritaire se syndique effectivement. Qu'on discute avec leurs représentants, pourquoi pas, mais qu'on en fasse des interlocuteurs privilégiés, à égalité avec les syndicats enseignants ou les associations de parents d'élèves, voilà qui serait singulier. Mais nous touchons là le coeur du problème : le ministre (et ce n'est pas le premier dans ce cas) n'a pas bronché face à la mobilisation des enseignants, mais dès que "les jeunes" sont dans la rue, c'est la débandade en rase campagne. D'où, bien évidemment, la tentation pour certains enseignants de surfer sur cette vague. Mais il ne faut pas s'y résoudre : tous les représentants syndicaux, politiques, de gauche comme de droite, et à vrai dire tous les adultes de ce pays devraient sur ce sujet parler d'une voix et demander aux lycéens de retourner en cours.
Je comprends bien l'excitation de certains à l'idée d'une révolution qui approche. Il y a beaucoup de signes avant-coureurs : la situation sociale est explosive, la jeunesse s'embrase avec une facilité étonnante, sur n'importe quel sujet, et ce depuis une dizaine d'année, le personnel politique n'est, globalement, pas du tout à la hauteur de la situation, et la récession économique s'annonce. Si NS a sommé son ministre de l'éducation de rendre les armes sans condition, c'est bien à cause de tout cela : reconnaissons-lui au moins une certaine capacité à sentir d'où vient le vent (de Grèce ces dernières semaines). Mais une révolution qui ne serait pas précédée d'une réflexion profonde sur l'idéal démocratique et sur les valeurs de notre société, bref, une révolution qui ne serait pas d'abord philosophique, est voué à n'être qu'un déchaînement de violence suivi d'une période de réaction. La vraie réaction.
Voilà donc ce qui me semble juste de dire à propos des manifestations lycéennes. La réforme avortée était inquiétante sur bien des points, les suppressions de postes sont inadmissibles, mais ce ne sont pas à des mineurs de porter ces revendications. Leur place est en cours. Ils ne sont pas encore des citoyens, ils sont en train de le devenir, et la perte d'heures de cours due aux mouvements lycéens, récurrents depuis plusieurs années est inquiétante. J'ajoute que la facilité avec laquelle les lycéens se mobilisent témoigne surtout d'une perte du sens de leur présence en cours, plus que d'une réelle conscience des enjeux. J'enfonce le clou : les enseignants (une minorité) qui défilent avec les lycéens ou les soutiennent sont des irresponsables. J'espère pour eux que rien de grave n'arrivera à l'un de ces jeunes. De plus, ils contreviennent à la neutralité politique qui leur incombe (rien ne les empêche de défiler, mais pas au milieu de leurs élèves !). Enfin, les syndicats lycéens ne représentent... rien. Si je ne m'abuse, seuls les lycéens majeurs ont le droit de se syndiquer (si ce n'est pas le cas c'est totalement anormal), il s'agit donc d'une toute petite minorité, au sein de laquelle seule une minorité encore plus minoritaire se syndique effectivement. Qu'on discute avec leurs représentants, pourquoi pas, mais qu'on en fasse des interlocuteurs privilégiés, à égalité avec les syndicats enseignants ou les associations de parents d'élèves, voilà qui serait singulier. Mais nous touchons là le coeur du problème : le ministre (et ce n'est pas le premier dans ce cas) n'a pas bronché face à la mobilisation des enseignants, mais dès que "les jeunes" sont dans la rue, c'est la débandade en rase campagne. D'où, bien évidemment, la tentation pour certains enseignants de surfer sur cette vague. Mais il ne faut pas s'y résoudre : tous les représentants syndicaux, politiques, de gauche comme de droite, et à vrai dire tous les adultes de ce pays devraient sur ce sujet parler d'une voix et demander aux lycéens de retourner en cours.
Je comprends bien l'excitation de certains à l'idée d'une révolution qui approche. Il y a beaucoup de signes avant-coureurs : la situation sociale est explosive, la jeunesse s'embrase avec une facilité étonnante, sur n'importe quel sujet, et ce depuis une dizaine d'année, le personnel politique n'est, globalement, pas du tout à la hauteur de la situation, et la récession économique s'annonce. Si NS a sommé son ministre de l'éducation de rendre les armes sans condition, c'est bien à cause de tout cela : reconnaissons-lui au moins une certaine capacité à sentir d'où vient le vent (de Grèce ces dernières semaines). Mais une révolution qui ne serait pas précédée d'une réflexion profonde sur l'idéal démocratique et sur les valeurs de notre société, bref, une révolution qui ne serait pas d'abord philosophique, est voué à n'être qu'un déchaînement de violence suivi d'une période de réaction. La vraie réaction.