Reportage sur Monsanto
La presse, la radio, les journaux télés, ne tarissent pas d'éloges sur le reportage de Marie-Monique Robin 'Le Monde selon Monsanto' récemment diffusé sur Arte. Je l'ai moi aussi regardé, avec un a priori positif puisqu'on m'en avait dit du bien. Or, si le film m'a semblé convaincant par moment, notamment sur la collusion entre Monsanto et la FDA, qui si elle est avérée, est proprement scandaleuse, d'autres points m'ont vraiment gêné. Par exemple, le fait de considérer comme un argument digne d'être exposé le nombre élevé de réponses de google qu'on on y tape "Monsanto+fraude", ou quelque chose dans ce goût là ! Le fait également que le reportage soit totalement à charge, et que certaines questions qui viennent immédiatement à l'esprit soient passées sous le tapis, par exemple : si les semences de Monsanto provoquent la faillite des paysans, pourquoi ces derniers les achèteraient-ils ? N'y a-t-il pas d'autre fournisseur ? Certains intervenants ne m'ont pas paru très crédibles, comme cette indienne qui affichait son hostilité à tout progrès en agronomie, en même temps que sa ferveur religieuse comme le nez au milieu de la figure... Enfin aucune preuve n'a été fournie que les variétés monstrueuses de maïs trouvées au Mexique aient un rapport avec la contamination par les OGM. La séquence où un militant anti-OGM s'adresse aux paysans mexicains avait d'ailleurs de forts relents de propagande. Sans parler de la mise en scène où l'auteur se donne en permanence le rôle du chevalier blanc. Bref, ça m'a laissé comme un drôle d'arrière-goût. Si des arguments rationnels et pertinents existent, pourquoi utiliser des procédés aussi douteux ?
C'est pourquoi j'ai eu la curiosité de "googler" à mon tour le nom de l'auteur de ce fameux reportage. Il se trouve que c'est cette même personne qui a réalisé le reportage "voleur d'yeux", sur d'horribles trafics d'organes, qui avait fait beaucoup de bruit à l'époque, et qui en a refait un peu plus tard pour une autre raison... Un des arguments du "monde selon Monsanto", et que si une firme trempe dans des affaires louches, on ne peut plus lui faire confiance. Jamais. Apparemment le milieu médiatique n'applique pas la même intransigeance à ses membres.
Enfin, google m'a mené sur le site de l'AFIS, qui démonte l'argumentaire de Marie-Monique Robin sur des points très précis, et transforme certains des doutes qui m'avaient envahis en certitude que les responsables des chaînes de télévision, y compris du service public, manquent singulièrement de sens critique. Ou alors a-t-on volé leurs yeux ?
MAJ : voir également ce lien. On y apprend que le film de Mme Robin sera diffusé à l'Assemblée Nationale le 31/03....