Rapport parlementaire sur l'enseignement des sciences, suite
Voici la synthèse des propositions de ce fameux rapport, agrémentée de mes commentaires.
A L'ECOLE :
¬ Redonner toute sa place à l'enseignement des sciences en formant et en accompagnant les maîtres.
(à ce niveau de généralité on peut difficilement être en désaccord)
¬ Généraliser les méthodes d'apprentissage par l'expérimentation et l'investigation en liaison avec des scientifiques.
(Pourquoi pas. Un bémol tout de même : ce type de méthode prend énormément de temps. Il ne faudrait pas que cette généralisation contribue à la dispersion des activités à l'école primaire. D'ailleurs une seule expérience bien menée et approfondie est plus utile et marque davantage les esprits que 10 expériences bâclées. Donc je suis d'accord avec cette proposition s'il s'agit de donner un exemple de démarche scientifique, pas s'il s'agit de prétendre que toutes les connaissances doivent être construites par l'élève, chose tout à fait impossible mais credo fondamental du pédagogisme. Cela aboutirait à ralentir encore la progression des élèves. Je profite de l'occasion pour dire ce que je pense de l'audition de Georges Charpak. Il est très louable que ce prix Nobel ait mis sa fougue au service de l'enseignement des sciences, mais il est dommage qu'il se laisse aller à des déclarations méprisantes envers ceux dont le seul tort est de ne pas penser comme lui. Il me rappelle Claude Allègre dans ses pires moments. L'arrogance de certains savants n'est pas de nature à ramener les jeunes vers la science...)
¬ Développer le calcul mental et l'apprentissage des techniques opératoires des quatre opérations dès le cours préparatoire.
(sans aucun doute la meilleure proposition de ce rapport.)
¬ Lutter contre la présentation sexuée des activités.
(Quand je lis ce genre de choses je me demande si on parle de la même planète. Faut-il rappeler le taux de féminisation de l'enseignement primaire ? Les institutrices seraient-elles inconsciemment sexistes ? En tout cas, comme je l'ai déjà expliqué, cela n'a pas grand rapport avec le problème de la désaffection des jeunes pour les filières scientifiques.)
C'est tout pour l'école. Et c'est là le problème ! Selon moi la mesure la plus urgente et la plus utile pour l'enseignement des sciences serait d'améliorer le niveau des élèves... en Français. Il faut absolument mettre davantage l'accent sur la maîtrise de la langue, en commençant par la lecture, en laissant les maîtres libres de choisir leur méthode à condition qu'ils réalisent les objectifs, objectifs qui doivent être revus très à la hausse en lecture, en grammaire, en vocabulaire et en orthographe. C'est la condition sine qua non au développement d'une pensée logique, elle même indispensable au développement d'une pensée rationnelle et plus particulièrement scientifique. Sans ces mesures, toutes les autres échoueraient pour la simple raison qu'on ne peut rien bâtir sur du sable.
AU COLLEGE
¬ Rompre avec le cloisonnement des disciplines scientifiques en les faisant converger selon une approche pluridisciplinaire autour de thèmes communs.
(exemple type de la fausse bonne idée. Prenons l'exemple d'une équipe pédagogique de collège décidant de faire un projet sur le Soleil. A priori c'est séduisant, et c'est le genre de chose qui plaît aux inspecteurs et aux médias.... mais c'est aussi le meilleur moyen de raser les élèves. Il suffit qu'au sein d'une équipe pédagogique on se parle pour que les professeurs organisent leur cours de façon cohérente et pourquoi pas une séance ou deux sur un thème commun. Ca se fait depuis des lustres et c'est bien plus efficace que les projets et autres thèmes, lourds dans tous les sens du terme. Par ailleurs, et c'est l'évidence même, les disciplines scientifiques sont "cloisonnées" parce qu'elles sont distinctes. Vouloir les faire converger à toute force relève de l'artifice.
¬ Rendre obligatoire les activités d'investigation, d'observation et d'expérimentation dans une approche interdisciplinaire.
(L'interdisciplinarité, c'est bien souvent de la poudre aux yeux, comme je l'ai dit plus haut. Pour le reste j'aurais préféré la proposition suivante :
"Rendre obligatoire la fourniture par l'Etat de matériel en état de marche et de personnel de laboratoire qualifié pour assurer les TP prévus dans les programmes. Et arrêter l'hypocrisie...")
¬ Passer progressivement de la science (en classe de sixième et de cinquième) aux sciences plus diversifiées, en privilégiant la mise en histoire des sciences.
(Les professeurs de sciences ne sont pas, n'ont pas à être et ne seront jamais des professeurs d'histoire et la présentation historique d'une science n'est pas toujours la meilleure. En revanche si les futurs enseignants avaient la possibilité de recevoir dans les universités des cours d'histoire des sciences cela leur permettrait d'enrichir leurs cours. Ni plus, ni moins. Quant à l'histoire des sciences en tant que telle il me paraît plus judicieux de l'intégrer au programme d'Histoire.)
¬ Encourager et former les enseignants à pratiquer la bivalence en prenant en charge deux matières scientifiques voisines et en faisant travailler les élèves sur des thèmes de convergences.
(c'est ce qui s'appelle enfoncer le clou... Donc je traduis pour ceux qui n'ont pas encore compris : toutes ces histoires de pluri-disciplinarité, bivalence etc... qui sonnent si bien à l'oreille ne sont que le prétexte à faire des ECONOMIES en payant moins de professeurs. Je préfère ne pas évoquer le niveau de ces futurs professeurs de physique-chimie-SVT. J'ai peur d'être blessant.)
¬ Permettre aux principaux de collèges de mettre en place à titre expérimental, dans le cadre de leur projet d'établissement des enseignements pluridisciplinaires sur des thèmes scientifiques transversaux définis en commun par les enseignants.
(Si vous avez une impression de déjà-lu c'est normal...)
Je passe sur plusieurs propositions gadgets, car je me lasse, et vous aussi cher lecteur. "Mais que faudrait-il donc faire ? Est-ce qu'il a la solution, lui qui ne fait que critiquer ?", vous demandez-vous. Et bien, oui, enfin je crois. La suite au prochain numéro... (quel suspense !)
A L'ECOLE :
¬ Redonner toute sa place à l'enseignement des sciences en formant et en accompagnant les maîtres.
(à ce niveau de généralité on peut difficilement être en désaccord)
¬ Généraliser les méthodes d'apprentissage par l'expérimentation et l'investigation en liaison avec des scientifiques.
(Pourquoi pas. Un bémol tout de même : ce type de méthode prend énormément de temps. Il ne faudrait pas que cette généralisation contribue à la dispersion des activités à l'école primaire. D'ailleurs une seule expérience bien menée et approfondie est plus utile et marque davantage les esprits que 10 expériences bâclées. Donc je suis d'accord avec cette proposition s'il s'agit de donner un exemple de démarche scientifique, pas s'il s'agit de prétendre que toutes les connaissances doivent être construites par l'élève, chose tout à fait impossible mais credo fondamental du pédagogisme. Cela aboutirait à ralentir encore la progression des élèves. Je profite de l'occasion pour dire ce que je pense de l'audition de Georges Charpak. Il est très louable que ce prix Nobel ait mis sa fougue au service de l'enseignement des sciences, mais il est dommage qu'il se laisse aller à des déclarations méprisantes envers ceux dont le seul tort est de ne pas penser comme lui. Il me rappelle Claude Allègre dans ses pires moments. L'arrogance de certains savants n'est pas de nature à ramener les jeunes vers la science...)
¬ Développer le calcul mental et l'apprentissage des techniques opératoires des quatre opérations dès le cours préparatoire.
(sans aucun doute la meilleure proposition de ce rapport.)
¬ Lutter contre la présentation sexuée des activités.
(Quand je lis ce genre de choses je me demande si on parle de la même planète. Faut-il rappeler le taux de féminisation de l'enseignement primaire ? Les institutrices seraient-elles inconsciemment sexistes ? En tout cas, comme je l'ai déjà expliqué, cela n'a pas grand rapport avec le problème de la désaffection des jeunes pour les filières scientifiques.)
C'est tout pour l'école. Et c'est là le problème ! Selon moi la mesure la plus urgente et la plus utile pour l'enseignement des sciences serait d'améliorer le niveau des élèves... en Français. Il faut absolument mettre davantage l'accent sur la maîtrise de la langue, en commençant par la lecture, en laissant les maîtres libres de choisir leur méthode à condition qu'ils réalisent les objectifs, objectifs qui doivent être revus très à la hausse en lecture, en grammaire, en vocabulaire et en orthographe. C'est la condition sine qua non au développement d'une pensée logique, elle même indispensable au développement d'une pensée rationnelle et plus particulièrement scientifique. Sans ces mesures, toutes les autres échoueraient pour la simple raison qu'on ne peut rien bâtir sur du sable.
AU COLLEGE
¬ Rompre avec le cloisonnement des disciplines scientifiques en les faisant converger selon une approche pluridisciplinaire autour de thèmes communs.
(exemple type de la fausse bonne idée. Prenons l'exemple d'une équipe pédagogique de collège décidant de faire un projet sur le Soleil. A priori c'est séduisant, et c'est le genre de chose qui plaît aux inspecteurs et aux médias.... mais c'est aussi le meilleur moyen de raser les élèves. Il suffit qu'au sein d'une équipe pédagogique on se parle pour que les professeurs organisent leur cours de façon cohérente et pourquoi pas une séance ou deux sur un thème commun. Ca se fait depuis des lustres et c'est bien plus efficace que les projets et autres thèmes, lourds dans tous les sens du terme. Par ailleurs, et c'est l'évidence même, les disciplines scientifiques sont "cloisonnées" parce qu'elles sont distinctes. Vouloir les faire converger à toute force relève de l'artifice.
¬ Rendre obligatoire les activités d'investigation, d'observation et d'expérimentation dans une approche interdisciplinaire.
(L'interdisciplinarité, c'est bien souvent de la poudre aux yeux, comme je l'ai dit plus haut. Pour le reste j'aurais préféré la proposition suivante :
"Rendre obligatoire la fourniture par l'Etat de matériel en état de marche et de personnel de laboratoire qualifié pour assurer les TP prévus dans les programmes. Et arrêter l'hypocrisie...")
¬ Passer progressivement de la science (en classe de sixième et de cinquième) aux sciences plus diversifiées, en privilégiant la mise en histoire des sciences.
(Les professeurs de sciences ne sont pas, n'ont pas à être et ne seront jamais des professeurs d'histoire et la présentation historique d'une science n'est pas toujours la meilleure. En revanche si les futurs enseignants avaient la possibilité de recevoir dans les universités des cours d'histoire des sciences cela leur permettrait d'enrichir leurs cours. Ni plus, ni moins. Quant à l'histoire des sciences en tant que telle il me paraît plus judicieux de l'intégrer au programme d'Histoire.)
¬ Encourager et former les enseignants à pratiquer la bivalence en prenant en charge deux matières scientifiques voisines et en faisant travailler les élèves sur des thèmes de convergences.
(c'est ce qui s'appelle enfoncer le clou... Donc je traduis pour ceux qui n'ont pas encore compris : toutes ces histoires de pluri-disciplinarité, bivalence etc... qui sonnent si bien à l'oreille ne sont que le prétexte à faire des ECONOMIES en payant moins de professeurs. Je préfère ne pas évoquer le niveau de ces futurs professeurs de physique-chimie-SVT. J'ai peur d'être blessant.)
¬ Permettre aux principaux de collèges de mettre en place à titre expérimental, dans le cadre de leur projet d'établissement des enseignements pluridisciplinaires sur des thèmes scientifiques transversaux définis en commun par les enseignants.
(Si vous avez une impression de déjà-lu c'est normal...)
Je passe sur plusieurs propositions gadgets, car je me lasse, et vous aussi cher lecteur. "Mais que faudrait-il donc faire ? Est-ce qu'il a la solution, lui qui ne fait que critiquer ?", vous demandez-vous. Et bien, oui, enfin je crois. La suite au prochain numéro... (quel suspense !)