Propositions de réformes pour l'enseignement des sciences
J'ai commenté (ici et là) de façon très critique le rapport parlementaire sur l'enseignement des sciences. J'en viens maintenant à mes propres propositions.
1) insister davantage sur la grammaire à l’école primaire et au collège.
Cela peut paraître surprenant, mais c’est pour moi la priorité pour le développement de la pensée logique. Par ailleurs la compréhension des énoncés (des problèmes, définitions, théorèmes) dépend crucialement d’une bonne capacité d’analyse grammaticale. Les professeurs de sciences sont souvent dépourvus devant des élèves qui ne comprennent pas la différence entre une hypothèse, une conclusion, une preuve.
2) Le contenu de l’enseignement doit être confié à une commission indépendante constituée pour un tiers de membres de l’Académie (désignés par elle), pour un tiers de représentants du parlement, et pour un tiers de représentants élus des enseignants. Ses débats seraient publics.
On notera l’absence des « scientifiques » de l’éducation (à moins qu’ils ne soient par ailleurs enseignants, députés ou académiciens). Ils se consoleront en remarquant que la composition de cette commission reflète le fameux triangle didactique ! Il ne s’agit pas de créer une commission consultative de plus. Premièrement elle remplacerait le HCE, que la composition rend par trop dépendante du pouvoir politique en place. Deuxièmement, ses décisions seraient souveraines.
Et c’est tout ! Je crois qu’une institution indépendante, légitime et suffisamment stable peut faire beaucoup plus pour améliorer la qualité de l’enseignement des sciences que les multiples réformes qui pourraient jaillir de mon cerveau... On notera bien sûr que ces propositions n’ont rien de spécifiques aux sciences. C’est parce que je crois que les problèmes qui se posent ne sont pas non plus réellement spécifiques aux sciences. Il serait logique de créer des commissions spécifiques aux différentes disciplines (on pourrait en regrouper certaines pour éviter la profusion, et les membres du parlement seraient autoriser à siéger dans plusieurs commissions). J’ai toutefois d’autres propositions d’ordre général.
1) Parce que l’on ne peut rien sans motivation, et parce que la motivation ne vient que si l’on a une idée précise quant à son avenir, il est impératif que tous les élèves de France aient, au moins une fois dans leur vie, un entretien personnalisé avec un conseiller d’orientation. Cela suppose d’y mettre des moyens. Même les bons élèves sont concernés : il faut mettre fin à la sélection par l’absence d’information, qui est malheureusement très répandue.
2) Toutes les décisions d’ordre pédagogique concernant un élève doivent être prises par le conseil de classe. Ses décisions sont souveraines et sans appel, à quelque niveau que ce soit. Le chef d’établissement vote, mais ses décisions ne s’imposent pas au conseil. Je pense que cette proposition est de nature à réaffirmer l’autorité des enseignants. On peut imaginer, si les parents d’élèves contestent une décision de redoublement, de mettre en place un examen de passage anonyme.
3) Il me paraît fondamental que les professeurs les moins expérimentés ne soient pas, comme c’est le cas aujourd’hui, affectés en priorité dans les zones les plus difficiles. C’est tout l’inverse qu’il faut faire !
4) Il faut repenser l’obligation scolaire de façon à ce que les élèves auteurs de troubles graves ne soient pas automatiquement inscrits dans un établissement dès lors que leurs parents en font la demande. On peut trouver cette mesure « purement répressive ». Elle n’aurait bien sûr de sens que si, dans le même temps, on donne des moyens suffisants aux structures spécialisées pour les élèves en grande difficulté. (Aujourd’hui les Segpa accueillent à la fois, et contrairement à leur statut, des élèves ayant de graves problèmes de comportement et des élèves ayant de graves problèmes de compréhension. Cela doit cesser.)
Il y aurait bien entendu d’autres mesures à prendre, je me limite volontairement à petit nombre de points qui me paraissent fondamentaux pour que l’institution scolaire retrouve tout son crédit et toute son autorité.